Histoire de Saint Nicolas de Macherin
Forme ancienne : Sancti Nicolay de Mascharino/Macherino au XIe siècle.
Sommaire
Aux origines du village
Les premières traces connues d’occupation à Saint-Nicolas-de-Macherin sont religieuse et remontent au Ve siècle. Sur le site de la Croix Blanche, des dalles funéraires ornées d’inscriptions chrétiennes témoignent de la présence d’une communauté organisée.
En 1840, des fouilles archéologiques révélèrent des sépultures alignées le long d’un ancien mur, probablement les vestiges d’un édifice religieux primitif. Cette église, disparue depuis des siècles, aurait pu être détruite lors d’invasions. Elle reste cependant le symbole d’un enracinement spirituel très ancien.
À cette époque, les différents hameaux du territoire n’étaient reliés que par la vie paroissiale. Privés d’un lieu de culte central, les fidèles se rendaient dans des chapelles plus éloignées, comme celles de Hautefort ou de Pied-Barlet, pour pratiquer leur foi et maintenir un lien communautaire.
La légende fondatrice et l’ordre des Antonins
L’un des mythes fondateurs de la commune reste celui des corbeaux. Il raconte qu’un jeune seigneur de Hautefort, miraculeusement guéri, descendit fonder une église et une maison de refuge au pied de la colline. Pour choisir l’emplacement exact, il invoqua la volonté divine. Ce sont alors des corbeaux qui auraient transporté les premiers matériaux sur le plateau où s’élève aujourd’hui l’église. Le symbole du corbeau, considéré au Moyen Âge comme un allié des bâtisseurs, fut gravé dans les murs.
C’est ainsi que naquit le prieuré des Antonins vers 1072, à l’époque du retour des premiers croisés d’Asie Mineure, qui ramenèrent avec eux les reliques de saint Nicolas, évêque de Myre en Anatolie. L’ordre des Antonins y établit une église, dont seul subsiste aujourd’hui le chœur d’origine. Le clocher roman du XIe siècle s’écroula en 1889 et fut reconstruit sur l’autre versant du chœur. La nef actuelle, plus vaste, fut édifiée en 1831. Des deux cloches présentes, l’une fut sauvée de l’effondrement (1721), l’autre date de 1843.
L’église accueillait une statue de la Vierge sous le vocable de Notre-Dame de la Pitié, à ne pas confondre avec celle de la chapelle de Hautefort, dédiée à Sainte-Marie (détruite en 1982). À cette époque, la vie religieuse structurait non seulement la foi, mais aussi l’organisation spatiale et sociale du territoire.
Entre Savoie et Dauphiné : un territoire aux frontières mouvantes
Au Moyen Âge, la paroisse de Saint-Nicolas était partagée entre deux mandements : Tolvon, sous domination savoyarde, incluant le bourg actuel ; et Hautefort, aux mains des seigneurs de Clermont, relevant du Dauphiné. Cette division faisait de la commune un point de contact stratégique entre deux puissances rivales. Les comtes de Savoie y érigèrent la maison-forte de Pied-Barlet pour surveiller la frontière, tandis que les Clermont consolidèrent leur présence au château de Hautefort. Après le rattachement du Dauphiné à la couronne de France au XIVe siècle, le mandement de Tolvon passa également sous juridiction française. La maison-forte de Pied-Barlet perdit alors son rôle militaire pour devenir une habitation.
Le château de Hautefort, mentionné dès 1080 et tenu par la maison de Clermont jusqu’au XVIe siècle, fut l’objet de nombreuses transformations. Au départ, il comprenait une tour carrée et une chapelle, séparées, surplombant la route stratégique reliant Voiron à Saint-Geoire. C’est dans cette chapelle qu’étaient inhumés plusieurs membres de la famille de Clermont. Le domaine passe ensuite à Claude de Bellièvre, président du Parlement du Dauphiné, puis à son fils Jean de Bellièvre, ambassadeur du roi en Suisse. Par mariage, il revient à Ennemond Rabot d’Illins, avant d’être acquis par Pierre de Gumin au XVIIe siècle.
En 1669, Isabeau de Gumin épouse Florimond de Meffray de Césarges, faisant entrer le château dans cette illustre famille. Le bâtiment prend alors une forme plus résidentielle. Après la Révolution, le propriétaire Joseph François de Meffray voit ses biens saisis en raison de l’émigration de son épouse et de ses enfants en Suisse. Le château est placé sous séquestre, ses forêts exploitées pour l’industrie. Grâce à une longue procédure judiciaire, il parvient à récupérer ses droits.
Du château féodal à la demeure bourgeoise
Au début du XIXe siècle, Jean Marie Constantin de Chanay, gendre de Meffray, engage de grands travaux pour réhabiliter le château, malmené par la Révolution. Il aménage le parc, creuse deux étangs et relie les deux tours par un corps de logis. Il détruit plusieurs éléments vétustes : colombier, four, pavillons agricoles. Son fils, Jean Alfred, fonde une manufacture de soieries à Pied-Barlet en 1853, baptisée « Fabrique de Sainte-Marie d’Hautefort ». Le bâtiment à quatre étages, destiné aux ouvrières, est encore utilisé aujourd’hui par la société Tissages Paul Merle.
Le dernier grand propriétaire est Marie Léon Jules de Morand de Jouffrey, avocat lyonnais, qui acquiert le château en 1893. Il transforme les pièces de réception, obtient du pape Léon XIII l’autorisation de messes dans la chapelle Sainte-Marie, et redessine le parc. Il décède en 1902 à la suite d’un accident de cheval dans le domaine. Sa veuve conserve la propriété jusqu’en 1940. Le château est ensuite loué à une colonie de vacances religieuse, avant d’être vendu en lots en 1982. Il devient alors une copropriété privée.
La naissance de la commune moderne
La Révolution française marque un tournant pour Saint-Nicolas. En 1790, la commune est officiellement créée par décret royal. Elle est initialement rattachée à Saint-Étienne-de-Crossey en 1794, avant de retrouver son autonomie en 1801. Elle est alors divisée en quatre sections : Les Combes, La Châtelonière, Hautefort et le Bourg.
La première assemblée municipale se réunit dans la Cure, puis dans une chapelle attenante à l’église. L’administration prend alors les noms successifs de Comité Directeur, Directoire Administratif, puis Conseil Municipal. Le cadastre napoléonien, daté de 1819, témoigne de la structuration foncière de ce territoire rural.
Évolutions économiques et société locale
Après les soubresauts de la Révolution, l’économie locale retrouve un second souffle au XIXe siècle. Le chanvre cultivé sur place, tissé par les paysans, est au cœur d’un commerce florissant. Le fil de linge fin et la toile grossière étaient prisés à l’exportation. Mais peu à peu, cette activité décline au profit de la culture vivrière : bois, fruits, légumes, produits laitiers destinés au Voironnais.
L’arrivée des tissages de la soie à partir de 1848, impulsée par les industriels lyonnais, relance l’activité textile. Les moulins de Pied-Barlet deviennent un pôle d’emploi féminin avec la manufacture de Jean Alfred de Chanay. Le site conserve cette vocation industrielle jusqu’à nos jours.

Mémoire contemporaine et patrimoine vivant
Le XXe siècle voit l’aménagement progressif des services publics. Le 20 février 1983, la commune inaugure sa salle communale, symbole de la vie associative et citoyenne renaissante. L’église conserve son chœur gothique et abrite deux cloches historiques. La Vierge Noire de Notre-Dame-de-la-Croix, installée à Hautefort en 1870, rappelle le lien indéfectible entre foi et territoire.
Aujourd’hui, Saint-Nicolas-de-Macherin conjugue patrimoine historique et dynamisme rural. Son histoire, riche et parfois tourmentée, façonne encore les paysages, les lieux-dits, les traditions et la mémoire collective des habitants.
Du plateau de la Croix Blanche à la vallée de Pied-Barlet, en passant par les hauteurs du château de Hautefort, chaque pierre, chaque nom, chaque sentier raconte une page de cette longue histoire locale.
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